Aujourd’hui nous allons découvrir une profession assez méconnue du grand public. Il s’agit du conseiller en gestion de patrimoine.
J’ai donc interviewé Lauriane LESPINASSE fondatrice de L&You Patrimoine, pour qu’elle nous explique en quoi consiste son métier.
Paul:
« Merci Lauriane d’avoir accepté cette interview. Pouvez-vous, s’il vous plaît, commencer par vous présenter? »
Lauriane:
« Diplômée de SKEMA Lille (École supérieure de commerce) spécialité commerce et management commercial, j’ai commencé une carrière commerciale au sein de grands groupes avant de vouloir utiliser les enseignements en matière de techniques commerciales au service du conseil en organisation patrimoniale. Consciente qu’une seule formation pluridisciplinaire à vocation commerciale ne pouvait suffire dans une démarche d’expertise et de conseil, j’ai suivi et obtenu en parallèle de mon activité professionnelle, en 2008, un Master II de Gestion de Patrimoine à l’Université de Lyon III.
J’ai pu appréhender au sein de deux structures indépendantes des modèles économiques avant de créer en 2011 : L&You Patrimoine. Je développe aujourd’hui une approche consultative en replaçant mes clients, particuliers ou entreprise, au cœur de leurs préoccupations pour une meilleure analyse globale, convaincue que la démarche commerciale n’est là que pour mieux servir écoute, rigueur, capacité de travail, adaptabilité et méthodologie, dans le sens de l’intérêt des clients. »
Paul:
« En quoi consiste concrètement le métier de conseiller en gestion de patrimoine ? »
Lauriane:
« Le terme de Conseiller en gestion de patrimoine n’a pas de définition juridique… alors que cela représente en France près de 4500 personnes. Le terme CGPI désigne les conseillers en gestion de patrimoine indépendants (des banques ou assureurs) en matière capitalistique, qui ne dépendent ni ne découlent d’aucune autre entité (partenaires ou fournisseurs). L’appellation de conseiller en gestion de patrimoine désigne en France, une activité de conseil incluant a minima une carte réglementaire :
- C.I.F. : conseiller en investissements financiers pour l’activité de conseil financier
- Intermédiaire en assurance : pour la préconisation de solutions relatives à l’assurance de personnes
- I.O.B.S.P. : l’intermédiation en opérations de banque
- la carte professionnelle de transaction sur immeuble et fonds de commerce : pour l’activité touchant à l’investissement immobilier
- la Compétence Juridique Appropriée (CJA) suivant les diplômes précis, pour l’activité de conseil en stratégie et en organisation patrimoniale.
Ce qui signifie, si nous nous référons à cette définition inspirée de Wikipédia, qu’il y a autant de professionnels que de façon d’exercer ce métier et surtout deux courants d’approche : une démarche conseil (la proposition de produits est une résultante d’un conseil personnalisé) ou une démarche produit (je commercialise tel produit qui vous correspond) ! »
Paul:
« Y a-t-il un cursus scolaire particulier à suivre pour devenir conseiller en gestion de patrimoine ? »
Lauriane:
« Je vais m’atteler ici à vous parler plus particulièrement des professionnels qui disposent des quatre statuts définis ci-dessus ainsi que de la CJA car ils doivent nécessairement maîtriser un panorama à 360° et disposer de connaissances comme de compétences en matière économique, juridique, civil, fiscal et financier. Un master II spécialisé en gestion de patrimoine peut être une base solide pour permettre de se créer cette « boîte à outils ».
Deux types de cursus permettant une double compétence à Bac +5 sont possibles :
- au travers des écoles de commerce comme Kedge Business School, ESCP Europe, Skema, …
- via la faculté : Universités d’Auvergne ou de Paris-Dauphine, IAE de Paris, Caen ou Lyon, … »
Paul:
« Tout le monde peut-il bénéficier de votre expertise ou est-ce réservé aux grosses fortunes ou aux imposés sur l’ISF ? »
Lauriane:
« Voilà comment je conçois mon métier : je suis un médecin généraliste du patrimoine. Pourquoi ? Et bien c’est très simple, les gens me consultent pour trois raisons :
- ils ont un problème particulier qui nécessite un diagnostic suivi ou pas d’une prescription et d’une prise en charge, voire la consultation d’un spécialiste de sa discipline
- ils n’ont pas de problème particulier mais doivent faire un bilan pour obtenir une attestation d’aptitude à tel ou tel sport
- ils ont un projet (un semi-marathon par exemple) et veulent être sûrs de se préparer correctement
Quelle que soit l’issue, la consultation est payante car elle fait appel au professionnalisme du médecin qui diagnostique en toute objectivité. Pour ma part, il n’y a donc pas de seuil budgétaire ; la seule réelle question étant : êtes-vous prêt à payer une prestation intellectuelle de conseil impartiale ? Pour les clients « fourmis » et pas « cigales », la mise en place d’une gestion de patrimoine reste très pertinente, quel que soit le montant de leurs ressources ! »
Paul:
« Peut-on avoir une idée des placements (ou du type de placement) que vous suggérez en ce moment ? »
Lauriane:
« Cette question est particulièrement compliquée car je me refuse à « industrialiser » les solutions patrimoniales. Chaque personne, dans sa construction familiale et professionnelle, dans les parcours de vie comme dans les objectifs demeure unique et nous devons également composer avec la sensibilité de chacun.
Je dirais qu’il faut parfois chercher à travailler différemment, appréhender le risque dans sa globalité sur une stratégie de taux d’efficacité de l’argent, en organisant le patrimoine de façon à générer des revenus additionnels seulement lorsque cela est nécessaire et rester sur des stratégies simples, peu alambiquées, permettant une flexibilité dans un environnement marqué par l’instabilité. »
Paul:
« Un dernier conseil ? »
Lauriane:
« En passionnée que je suis par mon métier que sont la gestion privée et l’ingénierie patrimoniale, je ne résiste pas à l’envie de vous inviter à vous entourer de professionnels de convictions défendant des valeurs communes, enclin à l’écoute, en qui vous pouvez avoir pleinement confiance pour vous accompagner sur le long terme et véritablement attachés à la recherche d’une solution sur mesure, techniquement optimisée et prenant en compte qui vous êtes vraiment.
Sortez des sentiers battus, du tout packagé ou « all inclusive » dans ce domaine ; vous êtes unique, savant mélange d’inné et d’acquis justifiant une approche très … intuitu personae ! »
Paul:
« Merci Laurianne pour le temps que vous m’avez consacré et pour avoir partagé avec moi votre approche du métier de conseiller en gestion de patrimoine. »
Merci pour cet article Paul.
Si j’ai bien compris, elle est rétribuée avec des honoraires ?
Une fourchette du tarif horaire ? Il y a une certaine transparence ou c’est à la tête (respectivement au portefeuille) du client ?
Ses clients ont-ils une garantie absolue qu’elle ne touche pas de marge arrière sur les produits qu’elle est à même de conseiller ? C’est un point cardinal, sinon autant bénéficier des conseils de son gestionnaire à la banque.
Deux choses sont à distinguer : la prestation de conseil et la mise en place de la stratégie par la souscription (l’équipement) de produits spécifiques.
Quel que soit le contexte, le premier RDV est effectué à titre gratuit pour prendre la mesure du travail à accomplir, de la légitimité de faire appel au professionnel (qui doit nécessairement permettre de créer une valeur ajoutée patrimoniale), et des attentes clients.
Dans le cadre d’une prestation de conseil global, une lettre de mission mentionnant entre autre le budget associé à la mission, en fonction du volume de travail à accomplir, est proposée au client, charge à lui de l’accepter ou de la refuser. Cette mission ne vise pas l’équipement de produit mais un diagnostic le plus objectif possible.
Si, à l’issue de cette mission, le client souhaite me confier la mise en place sa stratégie par la sélection de produits, il s’agira alors d’une seconde mission, non facturée car rémunérée par des rétrocessions de commissions des établissements promoteurs de produits liés aux investissements réalisés.